Halte au Sexisme

« Parce que les hommes et LGBTQ+ battus d’aujourd’hui vivent le calvaire des femmes battues d’hier. »

 

 

Violences conjugales,
agressions sexuelles
 :

les oubliés de la France

 

1 homme sur 4 est victime de harcèlement sexuel au travail *.

1 600 000 hommes victimes d’un stress post-traumatique (SPT) à la suite d’un viol ou d’une tentative de viol subi dans leur vie *.

146 000 hommes victimes par an de violences conjugales tous types confondus *.

26 000 hommes victimes par an de violences sexuelles commises par leur conjoint.e ou ex-conjoint.e *.

67 500 hommes victimes chaque année de violences sexuelles physiques au travail *.

 

Et vous ? Quelle victime de la France misandre êtes vous ?

Violences conjugales,
agressions sexuelles
 :
la France de la honte !

 

0 plaquette informative de l’État où l’homme apparaît comme victime.

0 page Internet de l’État où l’homme apparaît comme victime.

0 précision de l’État pour dire que des structures prennent aussi en charge les hommes victimes.

0 structure d’État spécifiquement dédiée aux hommes victimes.

3 communications de l’État qui précisent qu’un homme a aussi droit au statut de victime ( 1, 2, 3 ).

99.7% communications de l’État qui suggèrent un sexe masculin pour évoquer un agresseur, mais  JAMAIS il n’y est suggéré qu’une victime puisse être un homme.

 

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SEXISME, médias & manipulation : Le 1er procès de Jacqueline Sauvage.

 



Voici les échanges qui eurent lieu durant le procès en premier recours qui prit place en Octobre 2014 à la Cour d'Assises du Loiret, à Orléans.

Parce que nous nous interrogeons lorsque nous faisons face à des choses étranges voire incohérentes, nous avons choisi d'utiliser la couleur rouge pour souligner les éléments de ce procès qui contredisent ou posent un doute sur la version victimaire soutenue jusqu'à aujourd'hui par le comité de soutien à Madame Sauvage.

Le document brut ayant servi de socle à cette analyse peut être trouvé sur le site de LaRep.fr



1er jour du procès en premier recours, vendredi 24 octobre 2014


Ce premier jour est tout d'abord destiné à cerner la personnalité de Madame Jacqueline Sauvage épouse Marot, son parcours affectif, professionnel, ses relations avec la victime. Cette étude prendra la première demi-journée. L'après-midi sera en partie consacré à comprendre la version de Madame Sauvage concernant les faits commis contre son époux. Il se poursuivra par l'audition des gendarmes étant intervenus dans la procédure d'enquête ainsi que les auditions des experts techniciens : balisticien, toxicologue, légiste. La journée s'achèvera sur l'audition de l'ancienne compagne du fils défunt de Madame Sauvage.


9h08 : La présidente Catherine Paffenhoff annonce le tirage au sort des jurés. L'avocat général a le droit de récuser trois jurés. L'avocat de la défense peut en récuser quatre.

9h17 : Le jury populaire a été tiré au sort, il se constitue de trois hommes et trois femmes. Deux femmes sont également tirées au sort en tant que jurés supplémentaires. Les huit jurés prêtent serment.

9h20 : Catherine Paffenhoff, la présidente, déclare le jury officiellement constitué.

9h21 : La présidente leur rappelle quelques règles élémentaires... Ne pas manifester d'émotions, le droit de poser des questions et leur recommande de prendre des notes afin d'ensuite pouvoir délibérer.

9h24 : Les jurés qui n'ont pas été tirés au sort s'en vont.

9h26 : La présidente procède à l'appel des témoins. Puis celui des experts.

9h31 : La présidente de la cour d'assises fait la synthèse des faits afin de détailler le contexte aux jurés.

9h37 : Madame Sauvage est appelée à la barre. Elle déclare « préférer répondre aux questions ».

9h39 : La présidente : « Pouvez-vous me rappeler, madame, la fin de votre détention provisoire ? »
Jacqueline Sauvage (JS) : « Le 3 avril »
La présidente : « Vous êtes mise en accusation pour meurtre avec préméditation, vous encourez la détention à perpétuité. Ce procès va se dérouler en quatre temps. Dans un premier temps, nous allons essayer de vous connaître. Dans un deuxième temps, viendra l'intervention des témoins et des experts. Dans un troisième temps auront lieu les plaidoiries. Puis les délibérations. »

9h43 : Madame Sauvage décrit son enfance. « J'étais la dernière, je suis née en 47. J'étais chouchoutée par mes parents, j'ai été bien élevée. Nous étions une famille de 8 enfants. Une soeur est décédée en 47 d'une maladie du coeur à 12 ans. Je suis née tout de suite après. Mon autre soeur décédée n'avait que 8 mois. Elles s'appelaient Marie-Renée et l'autre je ne sais pas. »

9h47 : La présidente : « Vous êtes donc la seule fille "survivante" dans la famille. Ce qui peut expliquer que vous ayez été choyée. »
JS : « J'ai rencontré mon mari à l'âge de 15/16 ans. C'est lui que je préférais (…) Je fréquentais mon mari en cachette. Mes frères me surveillaient et me conseillaient de ne pas le fréquenter (…) Mes frères ne voulaient pas que je me marie, ils m'ont fait faire un contrat de mariage. J'ai insisté, je me suis mariée car j'attendais ma fille. Avec mon mari, nous n'avions pas les moyens du tout, donc maman m'aidait. »

9h57 : La présidente : « Vous-vous êtes fâchées avec l'ensemble de vos frères. »
JS : « Mon mari m'a interdit de voir ma famille pendant 40 ans. Mon mari savait que j'avais de l'argent. Il m'a forcée... il m'a demandé qu'on achète des voitures, des choses. Donc maman me prêtait de l'argent. »

9h59 : La présidente : « Vous aviez quel âge quand votre père est décédé ? »
JS : « J'étais enceinte de Sylvie, j'avais 16-17ans (…) Lorsque j'étais en détention mon frère Daniel m'a écrit. Ils m'ont appelée (…) J'ai eu une bonne enfance... Normale... J'avais des copains copines (…) J'ai toujours travaillé. Je travaillais dans une laverie. Après j'ai eu Sylvie. En 66 j'étais enceinte de Carole. Mon mari là a fait un an d'armée. Il a passé ses permis poids lourds. Là il a trouvé du travail comme chauffeur routier. J'ai continué à travailler. Ensuite j'ai eu Pascal mon fils. Après je me suis arrêté. J'avais 3 enfants (…) Nous sommes allés à Melun. En 70 j'ai eu Fabienne. Je faisais des petits boulots. C'est là que nous avons fait construire à La Selle sur le Bied, en 74. Mon mari a ensuite été licencié pour faute professionnelle. Moi entre temps j'ai été licenciée pour cessation d'activités. C'est là que je l'ai aidé, en 1981. On a acheté un camion, et je l'aidais à faire ses livraisons comme artisan louangeur. J'étais conjointe collaborateur, sans être rémunérée. Tout en l'aidant, je m'occupais de mes 4 enfants. Plus tard, notre fils Pascal est venu nous aider dans l'entreprise. Puis Fabienne. On est passé en SARL, ma fille Sylvie est devenue gérante. Après on a eu des chauffeurs de poids lourd. On a créé, en 1991, une vente de vins, en plus de l'activité de transports. Je faisais de la prospection (…) Mon fils Pascal conduisait des poids lourds, ma fille Fabienne également. J'étais à la maison, je m'occupais des rendez-vous (…) Dans les derniers temps, il n'y avait plus que Fabienne et Pascal en tant que conducteurs. On perdait du travail... Et puis il y a eu le drame... »

10h17 : La présidente : « Est-ce que votre mari vous mettait sur un piédestal ? »
JS: « Oui, devant les gens, en société... Mais chez nous, ce n'était plus pareil. »
La présidente : « Passons à votre vie sentimentale. Comment avez-vous rencontré votre mari ?
JS : - Je l'ai connu, quand j'étais au collège, par des copains et copines... Mes frères m'ont conseillé de ne pas me marier... J'étais enceinte de cinq mois. Mon père est décédé (…) J'étais amoureuse de lui. Je suis restée.
La présidente : - Votre frère dit qu'il était cavaleur/provocateur.
JS : - Mon mari je l'aimais je l'ai toujours aidé. Il était beau garçon. On se disputait parfois mais il revenait toujours vers moi. Il avait une moto mais n'avait jamais d'argent. Je l'aidais à mettre de l'essence. Il allait voir d'autres filles. »

10h24 : Le discours de JS est confus. La présidente reprend beaucoup madame Sauvage. Les dates, les lieux, les moments, l'accusée se perd. Confuse : « Je l'ai aimé, mais j'avais peur de lui... »
La présidente : « On retient donc que c'est l'homme de votre vie. Vous l'avez toujours aimé. De 1965 à 2012, date à laquelle il est décédé. »

10h27 : Madame Sauvage souhaite revenir sur un point : « lorsque j'attendais Carole » dit-elle. Confuse, elle rappelle un épisode avec son ex belle-mère.

10h30 : La présidente : « Est-ce que votre mari était fidèle ?
JS : - Il a eu des relations avec une représentante que nous avions embauchée. Il me violentait. Je voulais qu'il arrête. Il continuait avec elle. Il m'enfermait, prenait ma voiture... »
La présidente précise que : « Nous entendrons cette personne plus tard comme témoin. »

10h32 : JS : « J'ai 11 petits enfants. »
La présidente : « Revenons sur votre vie sociale. »
JS : « Des amis on en a eu... Mais à la fin nous n'en avions plus... Il s'était faché avec eux. Nous avions des activités séparées, chacun de notre côté. J'avais des connaissances, pas vraiment des amis... Dans le cadre de la chasse. A la chasse, on a participé à la société de chasse de La Selle-sur-le-Bied... Il y a eu des problèmes avec les dirigeants... Mon mari était insolent. »

10h36 : La présidente : « Le président de la société de chasse dit que votre mari a fait un esclandre, mais que vous et votre fille avez également été exclu car, solidaires de votre mari. »
JS : « On n'avait pas le choix. »
La présidente : « Le président de la société de chasse disait que vous étiez quelqu'un de difficile à cerner. »
JS : « J’ai toujours soutenu mon mari pour que ça aille (…) Pour ne pas avoir de problèmes j'ai toujours aidé mon mari. Sinon c'était pour moi la violence. Je le soutenais pour que ça aille... »
La présidente : « A la chasse vous étiez la meilleure tireuse des trois. »
JS : « C'est un sport... C'est de l'adresse, c'est en moi (…) J'aime la marche, j'aime regarder la nature, j'aime la mer. Je me force à y aller. Une fois que j'y suis, j'aime. »
Quand aux problèmes de santé JS répond : « Oui parce que j'ai souvent couché dehors j'ai eu des problèmes de bronchites, je fais de l'asthme (…) Mon tempérament ? J'aime mes enfants. J'étais toujours présente. Encore maintenant. »
La présidente : « Madame vous avez fait vos enfants entre 17 et 25 ans. On protège ses enfants jusqu'à un certain âge. »

10h45 : JS : « Mes enfants travaillaient dans l'entreprise... »
La présidente : « En les faisant travailler avec vous, vous les ramenez vers le "tyran", comme vous le décrivez... Il y a quelque chose que je comprends mal. »
JS : « Il y a des moments où cela se passait bien avec mon mari... On essayait de le comprendre. En vieillissant, on pensait que cela pouvait s'améliorer (…) On avait peur de lui... Il était gentil avec les autres. Mais pour nous, quand on s'expliquait le vendredi soir pour le travail... C'était différent. »
La présidente : « En détention vous avez donné l'impression d'avoir des ressources assez extraordinaires. Le personnel pénitencier dit même que vous êtes autoritaire. Que vous refusez même les ordres l'autorité. »
JS : « J'ai jamais voulu ce qui est arrivé, j'ai toujours tout fait pour que cela aille (…) Mon mari m'a toujours défendu de voir mes frères. C'était un obstacle... »
L'avocat de la défense intervient : « Et pourquoi cela ?
JS : - Parce que mes frères n'aimaient pas mon mari. »

10h55 : La présidente l'interroge sur l'héritage suite au décès de son père. Les explications sont confuses :
La présidente : « Cela vous parait normal qu'un père désigne un seul héritier parmi les cinq ? »
JS : « Ils ont perdu deux filles, comme j'étais la dernière, mon père a voulu mettre la maison à mon nom. Mes frères me demandaient de signer pour que je leur rende la part. Mon mari me refusait que je signe. »

10h59 : L'audience est suspendue pour 15 minutes.

11h29 : L'audience reprend. La présidente procède à la lecture de l'enquête de personnalité. Jacqueline Sauvage est de nouveau assise, bras croisés.

11h21 : Retour sur une enfance insouciante, où Jacqueline Sauvage était particulièrement choyée.

11h24 : Extrait du dossier d’enquête : « Jacqueline Sauvage conserve des bons souvenirs de sa scolarité. Elle effectue plusieurs types d'emplois salariés à partir de 1963 avant de devenir en 1982 "conjoint collaborateur" de son mari lorsqu'ils créent une entreprise de transport. En 2011, la société vivotait, malgré les mésententes entre les enfants et leur père. Jacqueline Sauvage est âgée de 15 ans lorsqu'elle rencontre Norbert Marot. L'enquête fait état d'une relation tumultueuse dès le début. Le mariage est célébré le 5 juin 1965. Ses frères étaient opposés à cette union. Cette union entraîne une rupture totale entre Jacqueline Sauvage et ses frères. Une vie de couple marquée par le comportement violent et caractériel de son mari, selon l'accusée. Son mari entretenait des relations extra conjugales. Elle n'envisage cependant pas la rupture. »

11h35 : L'enquête de personnalité décrit un climat de violence. : « J'étais soumise, il m'insultait, il m'injuriant, mais je voulais éviter le pire ». Les témoignages des filles du couple font état de relations incestueuses entre le père et ses filles. Pendant sa détention provisoire, Jacqueline Sauvage, est décrite comme « autoritaire et s'intéressant trop aux affaires des autres ». Un comportement « très moyen vis-à-vis des personnels et de ses codétenus. »

11h43 : L'avocat des parties civiles prend la parole : « Entre 1963 et 1965, vous avez travaillé dans six entreprises différentes. Comment l'expliquez-vous ? »
JS : « A l'époque, c'était facile de changer d'entreprise.

11h49 : L'avocate générale : « Il y a dix ans d'écart entre elle et son frère le plus jeune. Vous pouvez nous confirmer que vous n'avez pas été élevés seuls, vos neveux, du même âge, étaient souvent présent. »
JS : « Dans le quartier, j'étais avec les enfants du quartier, je faisais des activités. Je ne voyais pas si souvent mes neveux. Mais j'ai vécu une enfance heureuse. »

11h52 : L'avocate générale : « vous n'avez pas parlé de Carole, votre fille, qui a pourtant travaillé dans l'entreprise familiale de 1985 à 1989. »
JS : « Elle nous aidait, c'était bénévole. »

11h54 : L'avocate générale : « Votre entreprise s'est développée. »
JS : « Je suis persévérante. Cela nous permettait de vivre, je gérais bien les comptes. On a aussi eu des moments de difficultés, comme tout le monde. »

11h56 : L'avocate générale : « Pourquoi avez-vous continué à aider dans cette entreprise après votre retraite en 2008 ? Vous auriez pu trouver un repreneur ? »
JS : « Il n'y avait pas de repreneur... J'étais attachée à cette entreprise, c'était une entreprise familiale. Malgré les souffrances que j'ai eu toute ma vie, j'arrivais à surmonter. »

11h59 : L'avocate générale : « Publiquement, votre mari vous portait sur un piédestal ? »
JS : « Oui. »

12h02 : L'avocate générale : « Pourquoi faire des activités le week-end aux côtés de votre mari ? »
JS : « Je n'étais pas tout le temps avec lui pendant ces activités. »
L'avocate générale : « Vous aviez confiance en votre époux ? »
JS : « Je pensais qu'il allait changer. Ce n'était pas avoir confiance... »

12h06 : L'avocate générale : « Votre époux ne souhaitait plus que vous ayiez de contact avec vos filles quand elles se sont éloignées... »
JS : « Oui. Je ne pouvais plus avoir de contact. Il se désintéressait totalement de nos filles, sauf pour le travail. »

12h12 : L'avocate générale : « Pourquoi attirer vos enfants vers l'entreprise familiale, vers un père violent, un "tyran" ? »
JS : « Les enfants venaient vers moi pour m'aider. J'allais vers eux pour les aider. On espérait que mon mari allait s'améliorer. Ils avaient peur, s'ils partaient définitivement, que la violence retombe définitivement sur leur mère. »

12h15 : L'avocate générale : « Que pouvez-vous nous dire de votre détention ? » JS : « C'était très dur, j'essayais d'être polie. Dans ces endroits là, les gens ne sont pas toujours faciles. J'ai tellement été soumise, battue... J'avais une défense avec les gens, sans être violente. Je me défendais. J'ai toujours été très correcte. J'ai participé à plein d'activités. On m'a reproché d'avoir arrêté le service en prison. Ce n'était pas que je ne voulais pas être gouvernée... J'ai 65 ans, j'étais juste fatiguée (...) Je me suis ressaisie en faisant des activités, tenir le coup pour aller jusqu'à mon procès. Pour mes enfants. J'ai perdu Pascal... J'aurais pu en faire autant, me suicider. Mais j'étais là pour mes enfants. Donc j'ai participé aux activités, pour tenir. Les nuits, je pensais énormément... »

12h20 : L'avocate générale : « Six mois après le début de votre détention, vous êtes passés devant une commission de discipline.
JS : « Une détenue m'avait adressé des insultes dans un langage que je connaissais pas. J'ai été vers elle pour m'expliquer et elle m'est tombée dessus. La commission de discipline m'a relaxée. »

12h24 : L'audience est suspendue jusqu'à 13h50.

13h55 : L'audience reprend. La présidente : « Est-ce que vous reconnaissez les faits ? »
JS : « Préméditation, je ne sais pas. Mais je reconnais le meurtre. Je regrette ce geste. Je regrette pour mes enfants (…) C’était le lundi matin, je me suis levé, j’ai déjeuné vers 6-7H. Je suis monté dans le bureau, celui où je travaille. Pascal devait reprendre le mardi. J’ai appelé les clients, fournisseurs, il n’y avait pas de travail. Mon mari m'a demandé "Alors, est ce qu’il y a du boulot ?" Non... Ensuite on a causé du travail. (…) J’ai vu mon mari vers 10h, 10h30, il revenait de la déchèterie. Il m’a demandé s’il y avait des clients. Il n’y en avait pas. Il m’a demandé d’appeler Fabienne. Il voulait qu’elle reprenne le travail... A midi, j’ai mangé avec lui. J’étais fatiguée, je prenais des cachets. Je suis partie m’allonger. Il avait déjà pris, comme tous les jours, de nombreux whisky avant le repas. J’ai dormi. Je me suis réveillée, je pensais qu’il était 15h. En fait il était plus tard. Il a poussé la porte, il m’a tiré par les cheveux, m’a dit « va faire le manger ». Il m’a poussé... J'étais hors de moi, je ne pouvais plus me contrôler. C'est la que j'ai pris le fusil. Il y avait toujours des cartouches. J'ai pris le fusil derrière la porte, j'ai armé. Il était parti sur la terrasse c'est là que j'ai perdu le contrôle et que j'ai fait feu. J'ai explosé. Je me suis rendu compte de mon geste ensuite, et j'ai appelé le 18. Je n'étais plus moi même. Il m'avait ouvert la lèvre une nouvelle fois. »

14h01 : La présidente explique qu'il n'y a que très peu de preuves de violences de la part de Norbert Marot et s'interroge sur ce propos de Jacqueline Sauvage « il m'avait ouvert la lèvre une nouvelle fois ».

14h03 : La présidente : « Vous venez de dire "il vous a attrapé par les cheveux", cela ne figure pas dans le dossier... Nous avons besoin de précisions. Il faut être précis. Vous dites que vous étiez sous forte dose de médicament, mais on ne retrouve rien dans vos analyses de sang... Concrètement, qu'avez-vous pris comme médicaments ? »
L'accusée répond de manière confuse : « C'était des médicaments qui m'aidaient à dormir. »
La présidente : « On ne retrouve aucune des molécules que vous citez dans vos analyses. Vous vouliez changer car l'un des médicaments vous rendait agressive. Nous poserons les questions aux médecins au cours de l'après-midi. »

14h07 : La présidente interroge Jacqueline Sauvage sur le rapport de son mari à l'alcool.
JS : « Il a toujours bu. Dans les dernières années c'était de plus en plus. Comme on était marchand de vin, il avait la possibilité d'avoir des bouteilles. Il buvait un litre de vin par jour, trois whisky le midi, trois le soir. Parfois il se levait la nuit pour boire. »

14h11 : La présidente pose de nouveau la question des violences, sans réelles preuves...
JS répond : « De nombreuses fois, mon mari m'a frappée, notamment sur la tête. Ca ne se voyait pas. Un soir, il m'a frappée très très fort. J'étais méconnaissable. J'étais tuméfiée... et tout. (NDLR : voir l'incohérence avec ci-dessous notée 1) Je me suis sauvée dans les bois. J'étais terrorisée. Mon fils Pascal me cherchait dans la nuit. Il m'a retrouvé et je suis restée chez mon fils. J'étais dans un état pitoyable. Je ne suis pas sortie pendant deux semaines. Tant que j'avais des bleus je ne sortais pas. (NDLR : voir incohérence avec ci-dessous noté 1) »
La présidente : « Personne, en voyant votre visage, votre fils, votre belle-fille, n'ont pris l'initiative de vous emmener à l'hôpital ? Vous ne sortez plus pendant deux semaines. Vous aviez des bleus. Il y a énormément de gens qui sont sensés vous avoir vu. »
JS : « Les traces n'étaient pas visibles(1)... Une fois, il nous a poursuivi avec une arme dans sa voiture. C'était la terreur… Il me traumatisait, il savait qu'il était le maître. »
La présidente : « Parmi les cinq adultes de votre famille proche. Personne. Personne n'a jamais prévenu ? »
JS : « Il me terrorisait. »
La présidente hausse le ton : « Est-ce que c'est protéger ses enfants que de rester dans cette situation ? »
JS : « Il était très agressif. Il parlait de nous tuer. »

14h21 : La présidente : « Vous avez appris les abus sur vos filles, pourquoi n'avez-vous pas réagi ? »
Réponse embrouillée... « Mon mari nous faisait peur, très peur... «

14h25 : L'accusée fait à nouveau état de violences, subies au début de l'année 2012...

14h29 : Jacqueline Sauvage : « le 10 septembre, le matin, il m'avait insulté, il avait insulté Fabienne aussi. Il disait que les filles étaient des putains, il avait toujours ce langage fleuri. Il insultait mes petits enfants. Sans arrêt jusqu'au midi il nous a insultés. »

14h30 : La présidente lui fait remarquer des incohérences sur l'heure des faits.
JS : « On m'a interrogé, j'ai dit la vérité mais je n'avais pas notion de l'heure. »

14h35 : La présidente : « Madame vous dites que vous faites chambre à part avec votre mari et pourtant vous dites aussi que c'est lui qui a mis les cartouches dans votre chambre... »
JS : « Mais oui, il en mettait partout. »

14h38 : La présidente : « Ce que vous dites aujourd'hui n'a plus rien à voir avec ce que vous aviez déjà dit. »
JS maintient sa dernière version. C'est lui qui aurait mis les cartouches. La présidente poursuit la lecture des anciennes déclarations de Jacqueline Sauvage. Et cela ne correspond plus à ce qu'elle dit aujourd'hui. A l'époque elle prétendait avoir elle même entreposé les cartouches à portée. Moment difficile pour Jacqueline Sauvage qui revient sur ce qu'elle a déjà dit. La présidente insiste.

14h42 : JS revient sur ses toutes dernières déclarations. Elle reconnaît à nouveau avoir déposé ces cartouches. Explication hasardeuse... (NDLR : voire incohérence avec sa réponse négative notée (2) ci-dessous à la minute 15h24).

14h45 : JS : « Je n'ai rien dit, je me suis posté sur le pas de la porte. J'ai mis en joug. Et j'ai tiré.
La présidente lit les déclarations de Jacqueline Sauvage après les faits : « Je n'étais pas dans mon état normal. J'ai fermé les yeux, j'ai tiré... Je suis devenue agressive sans m'en rendre compte... Tout de suite après, j'ai regretté. Je regrette mon geste, je regrette ce que j'ai fait... C'était la rébellion. Je n'ai jamais osé lever la main sur lui. Le fait de m'avoir frappé, ça m'a déclenché quelque chose qui n'était pas normal. Je regrette ce geste, je regrette infiniment. Même encore des fois, je ne comprends pas ce que j'ai fait. Je ne voulais plus être battue. J'avais les cachets qui me soutenaient. Le fait de m'avoir insultée, violentée et insulté mes enfants. La soupape a explosé. Je ne me suis plus contrôlée... »

14h55 : La présidente : « Des cartes bancaires ont été retrouvées dans la table de nuit de votre époux »
JS : "Mon mari, pour ne pas que je me sauve, me prenait mon sac à main, mes clefs, mes papiers... Il ne voulait pas que je parte. »

15h03 : La présidente revient sur des déclarations de J.S concernant un coup de crosse ou un coup de poing qu'elle aurait reçu. Confusion. Coup de crosse ? Coup de poing ? Les deux ? A quel moment ? Ça reste flou..
JS : « Mes filles ou moi-même aurions pu décéder suite aux coups de mon mari. »
L'avocate des parties civiles intervient : « Pourquoi ne pas avoir prévenu la justice ? Vous pensiez votre mari au dessus des lois ? »
JS : « C'était quelqu'un de très agressif. On avait peur de lui. On attendait et espérait que ça ne recommence pas. »
Avocat des parties civiles : « Vous pensez vraiment qu'en vous présentant tous au commissariat pour porter plainte, la justice ne vous aurait pas protégé. Qu'est-ce qui pourrait être pire qu'un coup mortel ? »
Jacqueline Sauvage hausse le ton : « Il a pris ses enfants pour des choses. On en avait très peur. Moi j'étais soumise. »
Avocat des parties civiles : « Etiez-vous complice de ces violences ? »
JS : « Non, pas du tout. On avait tellement peur qu'on ne pensait pas du tout à aller se plaindre. Les conjoints de mes enfants savaient ce qui se passait. Mais tout le monde avait peur. »

15h11 : L'avocate générale : « Je souhaiterais revenir sur la scène où vous auriez, au début de l'année 2012, été frappée à coup de crosse. Scène que vous placez la veille des faits (NDLR : le 9 septembre 2012) dans de précédentes déclarations... »
JS : « Il m'a menacé en brandissant sa carabine. Il m'a frappé alors que j'étais évanouie... »

15h17 : L'avocate générale : « Vous nous disiez précédemment qu'il vous frappait seulement au niveau des cheveux. Où vous frappait-il concrètement ? »
JS : « Parfois sur le corps. Il avait des grosses mains ! Quand je recevais des coups, ça pleuvait de partout... »
L'avocate générale : « Personne n'a jamais vu, au travail ou ailleurs, les marques sur votre corps ? »
JS : « Non, personne ne les voyait. Je ne sortais pas quand j'étais marquée... Il y a eu des périodes d'accalmie et puis ça reprenait si il y avait certaines choses, notamment matérielles, qu'il n'arrivait pas à avoir. »
L'avocate générale insiste : « vous aviez dit qu'il s'était calmé un peu mais qu'il était violent le jour de son décès. »
JS : « Il m'a frappé tellement de fois. J'ai jamais été porté plainte. En 2012 il me frappait beaucoup. »
Nouvelle incohérence de J.S. qui avait évoqué, lors de l'instruction, une accalmie sur la fin et qui aujourd'hui explique qu'en 2012 il était particulièrement violent.

15h24 : Avocat de la défense : « Monsieur serait venu à votre porte en étant violent et vous demandant de faire la soupe. On fait la soupe à quelle heure chez vous ? »
JS : « L'heure de la soupe... c'est... euh... 19h... »
Avocat de la défense : « Comme cela, on a la précision. Deuxième question concernant les cartouches. Au moment de l'interrogatoire, on vous pose la question sur la présence de cartouches dans les deux chambres ? »
JS : « On est des chasseurs, il y a des cartouches partout. »
Avocat de la défense : « Vous n'avez pas déclaré que vous avez été chercher des cartouches en bas pour en mettre partout... »
JS : « Non (2) »

15h34 : Avocat de la défense : « Votre mari était-il plus violent quand l'entreprise allait mal ? »
JS : « Cela allait mieux quand ça allait bien. Il était content. »

15h36 : Madame Sauvage se retire, place aux témoins. Premier témoin, un gendarme, technicien en identification criminelle à la gendarmerie d'Orléans. La tête basse et la main devant la bouche, Jacqueline Sauvage se frotte nerveusement le bas du visage en écoutant le récit du premier témoin.

15h40 : Le gendarme qui s'était déplacé sur la scène de crime raconte sa journée à La Selle sur le Bied.

15h42 : Le témoin : « La reconstitution effectuée avec Madame Sauvage est compatible avec les relevés réalisés sur la scène de crime. »

15h51: Le gendarme qui a vu Jacqueline Sauvage à l’hôpital le jour des faits : « Elle me parait calme, hagard. »

15h54 : L’avocate générale : « Lors de la reconstitution, quelle est l'attitude de madame ? »
Le gendarme : « c'est une personne calme, elle va écouter et suivre la cadence du déroulement de la reconstitution. Elle va se présenter avec l'arme. » Pour le gendarme, madame Sauvage se prête aisément à l'exercice.

15h57 : Le premier témoin termine son audition.

16h00 : Le gendarme, appelé sur les lieux de l'homicide, puis désigné directeur d'enquête pénètre dans la salle en tant que deuxième témoin. Il explique avoir trouvé madame Sauvage en état de choc en arrivant sur place. Il confirme que le suicide de Pascal Marot, est antérieur à la mort de Norbert Marot.

16h14 : Le gendarme explique que l'enquête de voisinage décrit M. Marot comme un voisin « pas toujours facile ». Le gendarme confirme également l'absence de relation entre Jacqueline Sauvage et ses frères depuis le décès de leur père, sur fond de querelle d'héritage. Les petits-enfants du couple décrivent un grand père "violent" et "caractériel", et une grand-mère "douce" et "soumise", selon le gendarme.

16h21 : Le gendarme : « Personne n'a jamais évoqué de trace de violence envers Jacqueline Sauvage (anciennement Marot). Des témoignages ont rapporté des rapports violents entre Norbert Marot et son fils Pascal. »

16h23 : Le gendarme : « Il est rare que l'on retrouve autant d'armes à feu dans une maison. Il y avait des fusils et des carabines. Et une grosse quantité de munitions découverte au sous-sol. Une grande caisse contenant plusieurs sortes de munitions. Il y en avait aussi dans la chambre à coucher. »

16h26 : L'audition de ce deuxième témoin se termine.

16h32 : Un troisième témoin fait son entrée. Il s'agit du gendarme en charge de la garde à vue de Madame Sauvage.

16h34 : Ce gendarme : « Le lendemain matin je l'ai interrogée à 9h40 pour une première audition. Cela s'est très bien passé. Sans souci particulier. Quatre auditions toujours dans le calme. Madame Sauvage a reconnu tout ce qui pouvait lui être reproché... Elle paraissait sous le choc. Ses explications étaient claires. Elle m'a expliqué que ces violences physiques et psychologiques duraient depuis 40 ans. »

16h37 : Le gendarme : « Elle m'explique qu'elle a tiré les yeux fermés alors que c'est une chasseuse habituelle. Le seul point sur lequel elle était contradictoire était la présence de l'arme et des munitions dans la chambre. Elle n'a pas été claire sur la présence des cartouches dans la chambre, et pour quelle raison ? Un cambrioleur, son mari violent, ou les deux ? Puis lors de la quatrième audition, elle nie complètement avoir remonté trois cartouches dans sa chambre une semaine auparavant. »

16h44 : L'avocate générale : « A-t-elle sollicité un avocat avant son audition ? »
Le gendarme : « Elle a demandé un avocat, mais n'a ensuite pas souhaité être assistée quand il est arrivé. Elle semblait ne pas avoir de choses à cacher ».

16h50 : L'avocate générale insiste sur un point : « Pourquoi a-t-elle reviré sur la question des cartouches dans la chambre lors de la quatrième audition ? »
Le gendarme explique que Jacqueline Sauvage avait d'abord été placée en garde à vue pour homicide. Puis la garde à vue est prolongée pour assassinat (meurtre avec préméditation) après sa troisième audition et c'est ensuite, lors de la quatrième audition, qu'elle change sa version et nie avoir remonté les trois cartouches une semaine avant.

17h01 : l'audience est suspendue dix minutes.

17h15 : L'audience reprend. Place à l'expert en balistique.

17h19 : L'expert en balistique présente l'arme utilisée. « Un Beretta ».

17h20 : L'expert en balistique : « L'effort à exercer sur la détente est légèrement bas, mais l'arme est stable mécaniquement… Deux chargements utilisés, de la grenaille et de la balle. Le jour des faits, trois tirs, deux de grenaille, un à balle unique ».

17h24 : Place aux images de la reconstitution avec l'expert en balistique. La reconstitution date du 5 décembre 2012, deux mois après les faits. L’homme représentant Norbert Marot est assis sur une chaise de jardin en plastique à l'extérieur de la maison. Jacqueline Sauvage se trouve à l'intérieur (porte d'entrée ouverte) dans le dos de la victime sur les images de cette reconstitution.

17h40 : Impassible, Jacqueline Sauvage, assiste au témoignage de l'expert. Prostrée. Le visage appuyé sur sa main gauche.

17h43 : La présidente cherche à savoir si Jacqueline Sauvage a pu tirer les yeux fermés comme elle l'a déclaré. L'expert ne peut pas l'affirmer. Selon lui, elle peut avoir dirigé le fusil vers la victime et ensuite avoir fermé les yeux - mais pas avant.

17h46 : L'avocate générale se demande comment, sans regarder, on peut atteindre trois fois sa cible sans la réajuster visuellement. L'expert dit que c'est possible, qualifiant malgré tout cette série de « belle répétatibilité ».

17h55 : L'expert en termine avec son témoignage et retourne donc s'assoir parmi l'assistance. Un nouvel expert prend place à la barre. Il avait en charge les résidus de tir.
Cet expert : « Sur les mains de madame Sauvage, j'ai retrouvé 9 particules typiques d'un tir d'arme à feu… Sur ses effets vestimentaires j'en ai retrouvé 42 sur l'ensemble des vêtements. »

18h00 : Place à un nouvel expert en toxicologie.
L’expert : « Nous avons travaillé sur le sang prélevé de monsieur Marot. Présence d'alcool à hauteur de 2,02 g/L. »

18h03 : Une concentration très faible de paracétamol a également été retrouvée dans le sang de M. Marot. Rien de significatif.

18h08 : Selon l’expert, trois verres de whisky à 11h, trois vers de whisky entre 18 et 19h comme l'explique Jacqueline Sauvage, c'est tout à fait compatible avec une alcoolémie de 2g/L.

18h15 : Jacqueline Sauvage affirme qu'elle aurait pris des cachets en citant deux noms différents. L'expert explique qu'il s'agit en fait de la même molécule, donc il n'est pas possible, comme celle-ci l'affirme "qu'un des deux la rende agressive", puisqu'il s'agit de la même molécule.

18h19 : Dans les analyses effectuées dans le sang de Jacqueline Sauvage, l'expert (qui n'est pas celui qui a réalisé les analyses après l'homicide) ne peut pas affirmer, au vu des résultats, qu'elle a pris ou non la molécule en question. Selon sa méthode, il aurait été possible de retrouver des traces des comprimés absorbés d'après les dires de Jacqueline Sauvage. Mais pas avec l'analyse effectuée...

18h25 : L'expert en toxicologie était le sixième témoin de la journée, il retourne à sa place.

18h27 : C'est au tour du médecin ayant pratiqué l'autopsie du corps de Norbert Marot de se présenter à la barre.

18h29 : Le médecin légiste : « Chacun des trois tirs auraient été mortels s'ils avaient été uniques. »

18h37 : Selon ce médecin, la mort a été immédiate. Les poumons, le coeur et l'encéphale ont été touchés.

18h40 : L'expert est questionné sur la blessure constatée (par un autre médecin après l'homicide) sur la personne de Jacqueline Sauvage. La conclusion sera que « un coup violent au niveau de la lèvre peut être à l'origine de sa blessure labiale. »

18h48 : L'expert cède sa place à la barre.

18h51 : Un témoin fait son entrée dans le tribunal, elle fut la compagne de Pascal Marot.

18h53 : Le témoin : « Il n'y a pas eu de problème avec Madame Sauvage. C'était plus compliqué avec le père de Pascal. »

18h54 : A la barre, cette femme fait état d'un épisode passé, où le couple a été contacté en pleine nuit après avoir été prévenu que le père de Pascal « courait après sa mère avec un fusil à la main… J'ai été progressivement acceptée par le père de Pascal lorsque je lui ai donné une petite fille puis un petit fils. »

18h57 : Avec des sanglots dans la voix la femme parle de Jacqueline. Elle l'appelle « mamie » avec affection... « C'est malheureux que ça soit elle qui ai fait ça… Je ne peux pas dire que j'ai vu des choses, de la violence physique... J'en ai beaucoup entendu parler par Pascal... »

19h00 : La présidente : « Comment expliquer que Pascal n'ait jamais dénoncé cette violence ? »
Le témoin : « Pascal avait peur, son père s'en prenait à tout le monde avec violence… C'est à cause de ce climat de violence que je me suis séparée de Pascal. Il était violent avec moi. »

19h02 : La présidente : « On a affaire à cinq adultes, qui restent sous la coupe d'un bourreau. Comment est-ce que vous l'expliquez ? »
Le témoin : « C'est un engrenage... Quand on est dedans... Je ne sais pas... J'ai réussi à partir. Mais je n'étais pas à la place de mamie. Elle était mariée avec Norbert. Je pense qu'elle l'aimait quand même, malgré tout ce qu'elle a subi. »

19h05 : Le témoin : « L'alcool... Pascal voulait suivre son père. C'était un whisky, deux whisky... C'est avec l'alcool que la violence a commencé… Mamie était là pour apaiser les tensions. »

19h15 : La voix déformée par l'émotion, le témoin poursuit : « Il y a six/sept ans... Il est tombé malade... On aurait dû se remettre ensemble avec Pascal... Il avait complètement changé. On se voyait tous les huit jours. Chaque fois qu'il avait besoin. Il ne buvait plus, mais avait toujours son impulsivité. »

19h20 : Avocate générale : « Vous avez vécu pendant six mois à côté de chez Jacqueline et Norbert Sauvage. Vous n'avez pas vu de violences ou de traces de coups sur celle que vous appelez "mamie" ? »
Le témoin : « Non »


19h29 : Avocate générale : « Avez-vous eu connaissance du fait que Norbert Marot ai pu abuser de ses filles ? »
Le témoin : « Très peu de temps avant le drame. Je ne savais pas exactement de quoi il était question. Pascal l'a évoqué. Si personne n'a causé, c'était pour mamie. »

19h32 : Avocat de la défense : « Quelle a été la cause de la décision prise par Pascal de se suicider ? »
Le témoin : « Il a ouvert les yeux sur tout ce qui se passait, par rapport à tout ce qu'il a subi et fait subir. Ca a été un gros choc pour lui. Je ne suis pas arrivée assez vite pour lui. »

19h34 : Avocat de la défense : « Aviez-vous peur de Pascal ? »
Le témoin : « Non, pas vraiment... Pascal m'a frappé lorsque j'étais enceinte. Ce jour-là j'ai cru que j'allais le tuer, mais ma petite soeur m'a empêché de commettre l'irréparable. »

19h37 : La présidente signale au témoin qu'elle peut disposer. Un nouveau témoin arrive à la barre. Elle ne peut prêter serment et est entendue "à titre de renseignement" car elle a un lien de parenté avec l'accusée. Il s'agit de la fille de Pascal Marot et donc la petite-fille de Jacqueline Sauvage.

19h39 : Le témoin : « Ma grand-mère ne mérite pas de retourner en prison. Elle a beaucoup souffert. »
La présidente : « Avez-vous assisté à des scènes de violence entre votre grand-père et votre grand-mère ? Avez-vous vu des marques sur son corps ? Qu'avez vous vécu ? »
Le témoin : « J'avais peur de mon grand-père, son regard me faisait peur. Il ne me rassurait pas. Je n'ai pas assisté à des scènes de violence. J'ai un souvenir d'un Noël où il a fallu qu'on parte précipitamment de la maison. Mon père nous a fait sortir de la maison car les voix commençaient à s'échauffer… Dans le passé, mon grand-père m'a insulté au téléphone, en disant que j'étais une bonne à rien. Il avait des paroles blessantes. Par la suite, je ne voulais plus avoir de contact avec lui. Ca me rendait triste pour ma grand-mère… Mon grand-père était matérialiste, et très proche de ses sous… J'ai déjà entendu mon grand-père menacer mon père.

19h49 : L'audience est levée sur cette dernière audition.





2ème jour du procès en premier recours, lundi 27 octobre 2014


Cette seconde journée est consacrée à l'audition des témoins. On y entendra plusieurs voisins, une personne employée de l'entreprise, les témoignages de personnes de la famille, d'amis, et une psychologue.


9h02 : Une voisine du couple Marot, de La Selle-sur-le-Bied, est entendue.

9h05 : La témoin : « J'ai entendu trois coups de fusils. J'ai cru que c'était quelqu'un qui tirait un pigeon. Quand on a vu les gendarmes. J'ai compris que c'était notre voisin... J'ai vu M. Marot le jour même, dans l'après-midi, vers 17h30. »

9h13 : La témoin : « Madame Sauvage ne parlait pas, elle ne se confiait pas... Elle donnait l'impression d'être assez sévère. Mais je ne la connaissais pas... »

9h15 : La présidente congédie le premier témoin : « Vous restez dans la salle ou vous êtes libre de partir. » La réponse du témoin fait sourire la cour et l'assistance : « Oh bah je m'en vais alors. »

9h20 : Un nouveau témoin arrive à la barre. Il s'agit d'une voisine du couple à La Selle-sur-le-Bied.

9h21 : La témoin : « On n'était pas écouté par le couple Marot. On a vu les camions débarquer près de chez nous. On voulait être au calme... Mais c'était nous les "emmerdeurs". Tout le monde avait quelquechose à dire mais personne ne voulait porter plainte contre le couple. Moi je n'ai pas eu peur je l'ai fait. Mon mari a reçu des menaces de mort. On a, à nouveau, porté plainte. Mais M. Marot était intouchable... Nos plaintes étaient classées sans suite... Il venait complètement ivre... Il nous insultait quand on mangeait sur la terrasse... Il me suivait avec son camion jaune quand j'étais en voiture et me poussait au cul. J'avais un manche de pelle dans ma voiture tellement j'avais peur... Quand j'ai vu les pompiers le jour du drame... J'ai cru que c'était mon mari qui était mort tellement il avait été menacé... Je dois dire merci à Madame Marot pour ce qu'elle a fait. Si ce n'était pas M. Marot, ça pourrait aujourd'hui être nous qui serions morts. » Cette déclaration arrache un murmure à l'assistance. « J'avais toujours peur qu'un jour ça finisse en bagarre avec nous, ou l'un des voisins. Que l'on soit victime d'un des pics de colère de M. Marot... Quelque part, Jacqueline Sauvage nous a rendu service... Dans le passé Madame Marot avait giflé mon mari. Mon mari lui a rendu une gifle. Son mari attendait sur le côté de notre clôture avec un manche de pioche. Il voulait taper mon mari. La police est venue... Quand j'allais au magasin, Madame Marot me suivait et m'invectivait. On était "des feignants", "des chômeurs"... J'ai porté plainte contre madame Marot pour usurpation d'identité. Elle appelait parfois des clients en se faisant passer pour moi. Une nouvelle fois classé sans suite... Leur fils Norbert Marot était traité comme un moins que rien. Le couple l'insultait... On était en conflit perpétuel de voisinage avec eux depuis le moment où on a refusé de se laisser faire avec le passage incessant de camions... Cela m'a beaucoup surpris quand j'ai appris que madame Marot se disait être une femme battue. Femme malmenée... certes. On l'entendait son mari lui parler mal, mais je ne l'ai jamais vu lever la main sur elle. »

9h47 : Le témoin : « J'ai moi-même été une femme battue... En général, on défend sa famille, son mari. On n'ose pas en parler. On est victime et on a honte. On arrive à le cacher. »
L'avocat de la défense « Est-il possible que madame Sauvage ai été battue ? »
Le témoin : « C'est très possible. Vu comment il lui parlait, vu comment il était avec nous... Il pensait peut-être que toutes les femmes se laissaient faire. »

9h50 : La présidente appelle un nouveau témoin à la barre, il s'agit d'un voisin à la retraite.

9h52 : Le témoin : « En aucun cas, je n'ai remarqué que M. Marot était violent. Je n'ai jamais constaté qu'il buvait. Pour moi, tout se passait très bien... Je ne pouvais pas voir ce qui se passait chez eux. Je vous parle de relation de voisin de portail à portail... Madame Marot était effacée. Lui, je n'avais rien a lui reprocher. On se disait bonjour, on parlait de la pluie et du beau temps... Si ça ne se passait pas bien avec certains, c'était à cause des camions. Moi ça ne me genait pas. »

9h56 : A propos du témoin précédent, en conflit perpétuel avec le couple Marot : « M. Marot ne supportait pas les gens qui ne travaillaient pas. C'est peut-être pour ça qu'ils ne s'entendaient pas... M. Marot était un peu bourru, un peu nerveux. Il pouvait s'emballé facilement. C'était un homme que j'appréciais. C'était un travailleur. »

10h00 : Un nouveau témoin est appelé à la barre. Il s'agit d'un ancien employé du couple Marot.
Le témoin : « J'étais chauffeur chez eux... Madame Marot est une personne gentille, aimable. M. Marot était un peu plus rustre. »

10h06 : La présidente : « Quelles étaient les fonctions de chacun dans l'entreprise ? »
Le témoin : « Norbert était le patron. Pascal et Fabienne (leurs enfants) étaient chauffeurs. Les relations de travail étaient plus difficiles avec leur père que les enfants. Le père, il fallait aller dans son sens... Mme Marot ne faisait rien dans l'entreprise... Vous dire ce qu'elle faisait exactement, je ne sais pas... Si je n'avais eu qu'affaire à M. Marot (le père), j'aurais démissioné beaucoup plus tôt. Je suis resté car j'avais surtout à faire à Pascal et Fabienne. Norbert avait une façon de parler qui n'était pas toujours agréable. »

10h13 : La président l'interroge sur le rapport à l'alcool de M. Marot. Il répond : « je ne l'ai jamais vu ivre. Il y avait des rumeurs. Mais je n'ai jamais rien vu. »

10h16 : A propos de Madame Sauvage : « elle était craintive vis-à-vis de son mari. C'était une femme soumise. Elle faisait profil bas quand il commençait à élever la voix... C'était un peu tendu entre le père et le fils. Ca arrivait souvent qu'ils s'accrochent. »

10h18 : L'audition de ce témoin se termine.

10h20 : Une femme fait son entrée à la barre. Elle témoigne : « J'ai été salariée chez eux... Ce sont des personnes que je n'ai pas vu depuis plus de 20 ans. J'ai eu une aventure avec M. Marot qui a duré un mois ou deux... Cette aventure à duré un ou deux mois. Cela s'est su. J'ai donc arrêté de travailler pour eux. Pour éviter tout conflit avec Mme Marot, je suis partie. Ce qui s'est passé était une erreur, à un moment où j'étais un peu perdue... Il y a eu une période où il rentrait le soir, il venait à la maison. Ca n'a pas duré longtemps. Quand Madame Marot l'a su, elle est venue à mon domicile, elle était avec ses filles... Elles n'étaient pas contentes. Lui est parti retourner chez lui. C'est lui qui a géré le conflit... Madame Marot m'appelait au téléphone, elle m'insultait quand on se voyait. Elle me faisait peur. Je voulais éviter tout conflit. Elle m'a poursuivi en voiture. Il a fallu que j'aille jusque dans la cour de la gendarmerie pour qu'elle arrête... Elle m'a giflé devant chez moi. J'en ai perdu mon pendentif. Elle voulait me "foutre une trempe", comme elle disait. Ensuite elle m'a poursuivie en voiture... Monsieur Marot m'a demandé de ne pas porter plainte. Je ne l'ai pas fait... Je n'ai rien à reprocher à M. Marot, il n'a jamais été violent. Il avait un caractère bien trempé. Il aimait bien gérer les choses. Il était possessif. Il fallait qu'il sache où j'allais. Quand il montait en colère, c'était quelqu'un d'impressionant. »

10h33 : La présidente : « Monsieur Marot était-il violent ? »
Le témoin : « Ni sur moi, ni sur son entourage... Je n'ai jamais vu Madame Marot soumise. »


10h35 : Ce témoignage se termine.

10h38 : A la demande de l'avocate générale, la présidente lit les déclarations du maire de La Selle-sur-le-Bied : « Les Marot, les parents plus que les enfants, ont très fort caractère... Il y a toujours eu des conflits de voisinage par rapport à leurs camions, garés au début sur le domaine public, puis ils ont acheté un terrain. »

10h43 : L'audience est suspendue jusqu'à 11h.

11h03 : L'audience reprend.

11h05 : La présidente livre une nouvelle information. La recherche des médicaments en question dans les analyses de Jacqueline Sauvage a bien été effectuée.

11h06 : Sylvie Marot, la fille ainée du couple Jacqueline Sauvage et Norbert Marot est entendue à la barre.

11h08 : « Mes souvenirs remontent à mes 5 ans. Une nuit j'ai entendu mon père crier... Il partait travailler sur la route toute la semaine. J'appréhendais toujours le vendredi soir, quand il rentrait. Je me demandais ce qui allait se passer. Certains week-end, cela dégénérait. Il disait à maman que ce qu'elle faisait n'était pas bon. Maman partait terrorisée dans la cuisine... Mon père ne supportait pas que j'aide ma mère dans les tâches ménagères... Pendant l'adolescence, il a eu des gestes déplacés envers ma soeur et moi. Ca allait de plus en plus loin. Dès qu'il en avait l'occasion, il me bloquait dans un coin pour me tripoter. Le matin il se glissait dans notre lit pour se frotter après nous. J'évitais le plus de contact possible. Ma soeur et moi, on essayait de se protéger mutuellement... Je pense qu'il a violé ma soeur Carole sur le carrelage de la salle de bain... J'ai été faire mes études à Paris pour m'éloigner... Il était impulsif. Méchant. On essayait d'aider maman quand il était violent. Des fois on prenait aussi. Je me suis déjà retrouvée avec des bleus partout... La dernière fois où je m'en suis pris vraiment une, c'était à mes 21 ans, pour le 14 Juillet. Il m'a passé à tabac dans la chambre. J'ai pris mes clefs de voiture, je suis rentrée chez moi. Je n'ai pas pu aller travailler le lundi. J'étais vraiment cassée... On faisait des repas de famille. Une fois à Noël, mon père et mon frère en sont venus aux mains. Quand ils en sont arrivés à se disputer, on a tous pris nos enfants et on est parti. Je suis retourné chez mes parents. Maman avait des cocards partout. Mon père nous a poursuivi en voiture. Il nous a braqué avec un fusil armé. Il a exigé que maman monte dans sa voiture sinon il nous descendait sur place. On était terrorisés. Comme d'habitude on n'a pas été voir les gendarmes. On pensait que par la suite ça irait mieux. »

11h22 : La présidente : « Vous ne prévenez pas la police, vous ne l'emmenez pas à l'hopital ou chez le médecin. Il y a quelquechose qui interroge. »
La fille ainée : « On aurait fait quelquechose, c'était des représailles contre nous. La protection de la police n'aurait pas été éternelle. Il était imprévisible. On essayait de se protéger entre nous. »
La présidente : « Vous laissez repartir votre mère avec votre père armé d'un fusil"
La fille ainée : « On a toujours eu peur des représailles. De peur de son comportement"

11h27 : La présidente : « Vous aviez la paix lorsqu'il n'était pas là... Comment expliquez-vous que l'étau se referme sur vous par le biais de l'entreprise ? Créer cette entreprise, c'est faire que la famille se retrouve en permanence sous l'oeil du bourreau ? "
La fille ainée : « Je travaillais sur Paris, je n'étais jamais présente dans l'entreprise. »

11h34 : La présidente : « Comment expliquez que personne n'ai jamais prévenu pour des violences ou des faits de viol tels que vous les décrivez ? »
La fille ainée : « J'ai fait ma vie ensuite. Je me suis auto-protégée. On n'avait pas de téléphone, la gendarmerie était à huit kilomètres. On était sans cesse terrorisés. Mon enfance, c'était un modèle d'esclavage... Mon père piquait la clef de voiture de ma mère la semaine. »

11h38 : La présidente : « Comment expliquer que votre mère n'ai pas réagi, en vous mettant sous la protection de la police ? »
La fille ainée : « Elle était toute seule, elle n'avait personne sur qui se reposer. C'est lui qui controlait, maman a toujours été prisonnière. Toute sa vie. »

11h41 : La présidente : « Certains voisins avaient l'impression que le couple faisait corps"
La fille ainée : « Elle était obligée. Elle était presque soulagée quand il s'en prenait à d'autres. »

11h43 : La présidente : « Votre mère a giflé un voisin. »
La fille ainée : « Cette personne a dû être incorrecte avec elle. »


11h45 : La présidente : « Est-ce que votre frère a eu une place privilégiée ? »
La fille ainée : « Quand on était enfant oui. Ensuite, quand il a appris ce qui s'était passé avec nous, c'était devenu dramatique. »

11h49 : La présidente : « Votre père vous tripotait, comme vous le dites. Expliquez nous précisément. "
La fille ainée : « Il nous touchait la poitrine et le sexe. A travers les vêtements, et parfois sous les vêtements. Quand on étendait le linge au sous-sol, ou le matin dans notre lit. Je me sauvais. J'évitais le plus de contact avec lui. C'est arrivé pendant deux ans. »

11h51 : L'avocate générale : « Avez-vous parlé de ces faits aux gendarmes et au juge d'instruction ? »
La fille ainée : « J'avais honte. Je n'ai pas jugé utile d'en parler. Pour moi c'était honteux. »
L'avocate générale "Pourquoi ne jamais en avoir parlé à votre mère ? »
La fille ainée : « Je ne voulais pas qu'elle le sache, qu'elle ne se sente pas bien. »

11h59 : L'avocate générale : « Votre soeur Fabienne a fait une fugue après un prétendu viol. »
La fille ainée : « A cette époque il y a eu une main courante. »
L'avocate générale : « Nous n'avons rien retrouvé concernant une éventuelle main courante. »


12h01 : L'avocate générale : « Comment votre mère a réagi en apprenant le viol de votre petite soeur Carole en 1986? »
La fille ainée : « Elle a continué de l'élever pour la protéger. »
L'avocate générale : « Comment expliquer que votre soeur Fabienne accepte de travailler avec un père qui l'avait violée. »
La fille ainée : « Vous lui demanderez... »

12h01 : L'avocat de la défense : « Après un accident de moto dont vous et votre soeur Carole avez été victimes, il y a eu une intervention de la police et de la gendarmerie ?
La fille ainée : « Oui. »
L'avocat de la défense : « Par la suite, votre père n'a plus tenté de s'en prendre à vous ? »
La fille ainée : « Non. »

12h05 : L'avocat de la défense : « Vous êtes partie parce que vous aviez votre indépendance économique ? »
La fille ainée : « Oui, j'ai pu m'éloigner. »
L'avocat de la défense : « Votre frère et votre soeur, qui sont restés dans l'entreprise ne l'avaient peut-être pas. »

12h08 : L'audience est suspendue. Elle reprendra à 14h.

14h23 : Le procès se poursuit depuis 14 heures avec Carole Marot, la fille cadette du couple, à la barre.

14h25 : La fille cadette : « Je suis très émue. C’est la suite d’un drame journalier. Mon père m’a battue. Il m’a violée. Maintenant c’est une angoisse supplémentaire pour ma mère. C'est elle qui m’a permis de m’en sortir. »

14h25 : « C’était toujours des cris et de la violence. Mon père n’arrêtait pas de battre ma mère. J’ai subi des attouchements par mon père. J’en suis traumatisée aujourd’hui. Il n'y avait jamais personne pour mettre le ola. On attendait que ça se passe. »

14h27 : « Quand il est décédé je ne l’avais pas revu depuis 10 ans à cause de ce qu’il m’avait fait. Ce qu’il faisait à ma mère. La frapper pour des raisons inutiles. »

14h28 : « Ca a commencé par des attouchements. C’était comme un jeu. Il m’envoyait au sous-sol. Il m’attrapait. Il me touchait. Il me disait "surtout ne dit rien". Le soir il venait dans ma chambre. Il me touchait les seins, il m’embrassait. Il mettait ma langue dans sa bouche. Il me disait "touche moi aussi c’est agréable". Il m’a même uriné sur le dos. »

14h30 : « Un jour il m’a enfermé dans la salle de bain avec lui. Là, il m’a violée. Et je saignais. Le pire de ma vie, c’est ça. C’est le viol. Il m’a détruite physiquement. Je n’ai pu en parler qu’à mon mari. »

14h30 : La présidente s'interroge sur l'absence de dépot de plainte alors que toute la famille fait état de violence et de viols.
Carole : « Je pensais qu'il prendrait du sursis. Qu'il y aurait des représailles. J'avais peur. »

14h32 : L'avocate des parties civiles : « Quand avez-vous révélé votre viol à votre mère? C'était après la fugue de votre petite soeur ? »
Carole : « Elle l'a appris en 1989 pour moi. Pour ma soeur, elle l'avait appris au moment de sa fugue. Ma soeur a été interrogée par les gendarmes et a commencé à tout révéler. Mon père a eu la peur de sa vie. Mais ma soeur est revenue sur sa déposition. Elle l'a déchirée. Elle a également changé sa version auprès de ma mère à ce moment là. »
Avocate des parties civiles : « Pourquoi votre mère n'a jamais prévenu ? "
Carole : « Elle voulait nous protéger. Elle ne nous a jamais abandonné. Elle n'avait pas le choix. »
Avocate des parties civiles : « C'est donc vous protéger que de vous laisser exposée à de telles violences ? »
Carole : « elle n'avait pas le choix. »

14h42 : Carole laisse place à sa petite soeur Fabienne, à la barre.

14h43 : Fabienne : « Aujourd'hui, on souffre encore. On attend que tout ça se démêle dans l'espoir d'être sereine, et on veut essayer d'être un peu heureuse. Ca fait deux ans qu'on a ça dans la tête. La mort de mon père, je vais être franche, c'est un soulagement. »

14h45 : Fabienne, poursuit la voix déformée par l'émotion : « Malgré tout ce qu'on a vécu, on a essayé d'avoir une belle famille. Je suis restée près de ma mère. Maman avait besoin de moi. Pour mon père, on a essayé de lui rapporter de l'argent, dans l'entreprise. Quand ça allait bien on était ses enfants. Quand ça n'allait plus, on était des bons à rien. »

14h48 : « Mon père, je ne dis pas qu'on a passé que des mauvais moments. Il m'a appris à nager, à travailler... Mais tout ça m'a couté tellement cher. Il savait jouer avec nos sentiments. Il savait très bien qu'on l'aimait. »

14h48 : « Jamais mon père ne m'a pris dans mes bras pour me consoler. »

14h49 : « Notre vie c'était que de la violence. Mon père, on était son punching-ball. »

14h50 : « A 42 ans, je lui ai dit ce que je pensais. Il m'a craché dessus. Aujourd'hui on est là. Tout ça c'est de la faute de notre père. »

14h51 : « Si on avait porté plainte, il aurait fait de la garde à vue. Puis, il serait revenu dans le foyer conjugal. C'est notre mère qui aurait pris. "

14h52 : Fabienne : « J'ai été violée par mon père, j'avais à peine 16 ans. J'étais vierge. Je ne courais pas après les garçons. Dans ce cas là, on ne comprend pas. On se sent salie. On a l'impression d'être une moins que rien. Je ne savais pas si je devais le dire. Je ne savais pas si on m'aurait cru. Je ne sais pas si j'avais le droit. Donc j'ai fugué. Après ma fugue, j'ai été porter plainte. J'ai finalement repris ma déposition sur le bureau des gendarmes pendant qu'ils ne regardaient pas. Je suis partie aux toilettes, j'avais un briquet dans ma poche. Je l'ai brulé. C'est la vérité. »

14h57 : « Mon père, avec sa maitresse, ils venaient à la maison. Ils étaient très proches alors que ma mère était là. »

15h02 : « Mon père m'a cassé le nez... Il m'a aussi cassé un fusil sur le dos. »

15h04 : « La gendarmerie savait que c'était quelqu'un de violent. Mais personne n'a jamais porté plainte. »

15h08 : « S'il avait touché à mes gosses... Je lui aurai fait sauter la gueule. Non, je reviens sur ce que j'ai dit. Mais lorsque je me suis expliqué avec lui il m'a craché dessus. Je n'étais plus très loin d'aller porter plainte. »

15h10 : Avocate des parties civiles : « Pourquoi êtes-vous restée ? »
Fabienne : « Au fond, j'aurais aimé avoir amené mon père à avoir de meilleurs sentiments. Plus d'une fois je suis revenue de moi-même. J'aimais aussi ce métier, être sur les routes. Et puis c'était l'entreprise familiale. »

15h19 : Avocate des parties civiles : « Cette entreprise n'a-t-elle pas fait qu'aggraver vos souffrances ? »
Fabienne : « C'est un enchainement de plein de choses. C'était nos parents qui l'avaient créée... Les années passent et on reste. »

15h22 : Avocate des parties civiles : « N'avez-vous pas eu peur pour vos enfants lorsque votre père les a emmené en camping-car dans la Somme en 2011 ? »
Fabienne : « Il savait qu'il n'avait pas le droit de toucher à nos gosses. (NDLR : incohérence avec l'idée soutenue jusqu'alors qu'il se sentait tout puissant jusqu'à commettre des viols.) »

15h24 : Avocate générale : « Après votre fugue, qu'avez-vous dit à votre mère, par rapport au viol commis par votre père ? »
Fabienne : « On en a parlé mais je lui ai dit que j'avais menti, que ce n'était pas vrai. »

15h25 : Avocat de la défense : « Au cours de l'année, il y avait des périodes fastes, et des périodes plus difficiles"
Fabienne : « De mai à décembre, on vide les silos, puis la campagne betteravière débute. C'était le début d'année la période la plus difficile. Il nous reprochait de ne pas trouver de contrat. Quand l'entreprise fonctionnait bien, notre père était plus gentil. »

15h31 : C'est la fin de ce témoignage.

15h31 : C'est au tour des parties civiles de prendre la parole.

15h31 : La soeur de Norbert Marot prend la parole.

15h33 : « Je suis suprise d'entendre tout ce qu'on dit sur mon frère. Quand on est battue, violée, il y a des numéros, des gens à appeler. Il faut aller porter plainte. »

15h36 : « Je ne comprends pas ce qui se passe. On ne se fréquentait plus avec Norbert. Mais violer des enfants... Je me demande si c'est vrai. »

15h38 : « Depuis qu'ils habitaient à la Selle, on ne les voyait plus. »

15h40 : La présidente : « Est-ce-que cela vous paraissait être un couple amoureux ? »
La soeur de Norbert : « Oui. Sa femme il l'appelait moumoune. Il était fier de sa famille. Il ne les a jamais méprisé. Je suis surprise d'entendre tout ce que j'entends aujourd'hui. »

15h44 : La soeur de Norbert : « Je lui reproche (à Jacqueline) de ne pas avoir porté plainte contre lui (Norbert) ... Finalement, cela s'est terminé en meurtre. »

15h48 : Avocat des parties civiles : « Avez-vous ressenti de la violence, de la perversion chez votre frère ? »
La soeur de Norbert : « Non, on chipotait comme des enfants. »

16h01 : L'avocat de la défense : « Combien de fois avez-vous vu votre frère ? Une dizaine de fois ? »
La soeur de Norbert : « On n'était pas fâché. Je ne saurais pas vous dire combien de fois je l'ai vu. Peut-être plus. »

16h03 : L'audience est levée et reprendra à 16h20.

16h20 : L'audience reprend.

16h21 : Un nouveau témoin fait son entrée. Il s'agit d'une ancienne compagne de Pascal Marot. Ils ont vécu ensemble pendant 10 ans, jusqu'en 2004.

16h23 : « On avait un pavillon à côté de chez eux à La Selle-sur-le-Bied. C'est moi qui allait faire les courses de mamie (Jacqueline Sauvage) quand elle ne pouvait pas sortir après les violences. »

16h26 : « Pascal mettait son père sur un piédestal. Les choses finissaient souvent en violence. Une fois papy (Norbert) est arrivé et m'a frappé. Mamie et Pascal s'en sont mêlés. Ca finissait toujours en bagarre. »

16h28 : « Pascal quand il se battait avec son père, c'est quand il avait frappé sa mère ou moi. Sinon, les violences sur Pascal étaient plus morales que physique. »

16h29 : « Pascal était violent. J'ai porté plainte. Je me suis séparée pour violence conjugale. La séparation a été très difficile. Il m'a harcelée pendant 4 ans. C'était dur... », le témoin s'arrête, la voix apparemment cassée.

16h31 : « Norbert faisait tout pour détruire Pascal. »

16h32 : La présidente : « Comment expliquer que la violence n'ai pas filtré en dehors de la famille Marot ? »
Le témoin : « Moi je restais en retrait"

16h34 : Un magistrat de la cour : « Comment expliquez que vous avez eu le courage de porter plainte contre votre conjoint et pas contre son père ? "
Le témoin : « J'en avais peur. C'était comme un gourou. »

16h37 : L'avocat de la défense : « Avez-vous vu des marques de violences sur Jacqueline Sauvage ? »
Le témoin : « Oui je l'ai déjà vue tuméfiée, couverte de bleus. »
L'avocat de la défense : « J'imagine qu'elle faisait tout pour éviter que cela se produise"
Le témoin : « Elle se rabaissait. Elle pouvait prendre son parti pour apaiser les choses. »

16h40 : « Vous pouvez disposer », adresse la présidente au témoin.

16h43 : Un homme fait son entrée à la barre. « J'étais un ami de Fabienne Marot. »

16h44 : Le témoin : « Son père m'a tabassé. Il avait cassé le nez de sa fille. Il lui avait mis un coup de crosse dans le dos. J'ai eu la peur de ma vie. J'ai cru qu'il allait me tirer dessus. »

16h45 : Le témoin : « J'ai hébergé Fabienne pendant trois mois à la suite de cet épisode. »

16h46 : « Mme Marot, on voyait que c'était une femme très malheureuse. J'ai assisté une fois à des violences. »

16h48 : « Il était pas bien ce gars-là (Norbert), il était malade. C'était une grande gueule. Il était très imposant. »

16h50 : « Ils n'avaient pas d'amis ces gens là. Il ne voulait personne chez lui. »

16h50 : La présidente : « Avez-vous déposé plainte ? »
Le témoin : « Non, on m'a demandé de ne pas le faire. Et puis qu'est ce qu'il aurait fait en retour ? »

16h52 : Le témoin : « Le jour où il m'a agressé, si j'avais pu le tuer je l'aurais fait. »

16h52 : L'avocat de la défense : « Aviez-vous l'intention de porter plainte après cela ? »
Le témoin : « Oui, mais Fabienne m'en a dissuadé. (NDLR : incohérence du témoignage : il est tabassé, sa propre fille a une fracture du nez, un coup de crosse dans le dos, peur de mourir, mais ce père ferme les yeux parce que son amie le lui demande...) »


17h01 : Un nouveau témoin entre dans la salle.

17h02 : « J'ai connu Monsieur Marot à l'âge de 16 ans. Il n'avait pas beaucoup d'amis car il était déjà très bagarreur. »

17h03 : « Quand il était sur la route en tant que chauffeur routier, c'était un homme à femmes. Il me racontait ses conquêtes. Et quand il rentrait à la maison, c'était lui qui commandait quand il rentrait. »

17h04 : « Il avait un comportement étrange avec ses filles. Il "chahutait", selon ses termes, mais il leur touchait les seins et les fesses. Donc je me suis éloigné. Je savais bien qu'il fallait dire quelque chose. Mais ce n'était pas facile. Chez lui, il faisait régner la terreur. »

17h17 : Moment d'incompréhension entre l'avocat de la défense et le témoin qui se dit "un peu sourd". Cette scène provoque quelque sourires dans l'assemblée. Le témoin est ensuite congédié.

17h21 : C'en est terminé des auditions de témoins. C'est un expert qui fait son entrée. Une psychologue qui a examiné Jacqueline Sauvage après les faits.

17h22 : Le rapport de la psychologue corrobore en grande partie ce qui a été détaillé hier dans l'enquête de personnalité.

17h27 : « Pourquoi ne l'a-t-elle pas quitté après le départ des enfants ? "Oui, mais il y avait l'entreprise" m'a-t-elle répondu. »

17h29 : « Il y a une relation affective avec le travail qui vient réparer d'autres blessures affectives narcissiques. »

17h33 : La présidente interroge la psychologue sur le "rapport à la loi" dans la famille, pour essayer de comprendre pourquoi ils n'ont jamais porté plainte.
La psychologue : « Il n'y a pas de plainte. C'est comme si il y avait quelquechose de l'ordre de "ca ne peut pas être autrement". Pour que ça soit autrement, c'est en finir définitivement. Il est probable que la justice n'ai jamais été vécue comme quelqu'un qui pouvait aider, mais comme quelqu'un qui pouvait sanctionner. »

17h41 : La présidente : « Comment madame Sauvage peut-elle intégrer qu'elle a bravé l'interdit majeur, ne pas tuer l'autre ? »
La psychologue : « Si la culpabitilité n'est pas venue... Long silence... C'est que quelque part, attention aux mauvaises interprétations, comme quand sa fille disait que les pédophiles font du sursis, de toute façon, la justice ne va pas servir (...) La remise en cause se passera après. A la fin du procès. » (NDLR : Sauf que plusieurs années plus tard Madame Sauvage a par la suite déclaré à plusieurs reprises et devant les médias ne pas comprendre pourquoi elle avait été condamnée. Cela fera d'ailleurs l'objet d'un rejet de sa demande de libération.)

17h59 : La psychologue en termine avec son intervention. Et l'audience est levée.





3ème jour du procès en premier recours, mardi 28 octobre 2014


Ce dernier jour permettra pendant la première demi-heure de confronter Madame Sauvage à ses propres contradictions au regard des résultats d'analyses effectuées. Le reste de la matinée sera consacrée aux plaidoirie, aux délibérations (secrètes) et à l'énonciation du verdict.


9h00 : La présidente débute la lecture du rapport. Introduction "biographique" de madame Sauvage. Dans la conclusion du rapport d'expertise psychiatrique : « elle déclare ne pas comprendre pourquoi elle serait condamnée alors que son mari tyrannisait la famille depuis plus de 20 ans (...) Jacqueline Sauvage ne parait pas être dangereuse sur le plan psychiatrique (...) Elle reconnaît mais appréhende mal la gravité des faits qui lui sont reprochés (...) Aucune pathologie active ou significative. »

9h17 : Jacqueline Sauvage est appelée à la barre.

9h19 : La présidente : « Il n'a pas été retrouvé les produits que vous disiez avoir ingéré avant les faits... Cela laisse une période dans l'après-midi où vous n'auriez pas dormi. Une sieste qui aurait duré cinq heures sans médicaments ? Qu'est ce que vous pouvez en dire ? »
JS : « J'ai pris des cachets, je me suis endormie. »
La présidente : « Mais les experts écartent l'idée que vous avez pu prendre ces médicaments. »
JS : « J'étais habituée à prendre ce cachet pour m'endormir... Pour moi, j'en ai pris. »


9h22 : La présidente : « Un expert nous a signifié qu'il n'y avait eu qu'un coup, à la lèvre le jour des faits... Mais rien d'autres de significatif sur votre corps. »
JS : « Mon mari m'a violentée... J'ai dit 16 h... Mais je n'avais plus la notion du temps... Il est venu me chercher. Il m'a tire par les cheveux. Il m'a fichu par terre et frappé violemment. »
La présidente : « Non. Il n'y a pas d'autres traces de violences. Des experts l'affirment. »
JS : « J'ai été examinée en détention, le 13 septembre... On a reconnu que j'avais des coups... »
La présidente : « Cela sort de votre imagination, on a pas de traces de coups. »


9h28 : La présidente : « Vous aviez dit avoir fermé les yeux en tirant... Mais vous l'avez atteint à trois reprises. L'expert a parlé de "belle répétatibilité"... »
JS : « Je n'étais plus dans mon état normal. J'ai chargé. Je suis restée toujours comme ça (elle mime la position comme si elle avait un fusil en main). J'avais les yeux fermés. Je n'ai pas fait exprès... J'ai tiré trois fois. »

9h30 : Madame Sauvage mime à nouveau le geste...

9h31 : JS : « Je suis ici pour être jugée... Je reconnais avoir tué un homme. Je reste pour mes enfants. Pour eux. Je veux rester avec mes enfants pour les soutenir. C'est horrible ce que j'ai fait. »

9h33 : La présidente l'interroge sur la question de cette famille qui est toujours restée soudée autour de l'entreprise.
JS : « Je ne pouvais pas les lâcher. Je n'ai qu'un seul homme dans ma vie. Je ne reconnaissais pas ses attitudes. J'ai toujours insisté. J'ai toujours été présente auprès de mes enfants, de mes petits-enfants. J'ai toujours voulu bien faire... J'avais l'amour. Biensur j'ai un tempérament assez ferme... Je me ressaisis... »

9h38 : Jacqueline Sauvage regagne sa place. L'instruction se termine...

9h40 : Nous allons passer à la plaidoirie de Maître Henry, pour la défense des intérêts des parties civiles.

9h42 : La soeur de Norbert Marot s'est portée partie civile.

9h42 : Maitre Henry : « On nous reproche de pleurer notre frère... Qu'on a pas le droit aux larmes. Alors que pendant 47 ans, on n'a jamais su tout ce qu'on lui reproche. »

9h44 : L'avocate de la soeur de Norbert Marot : « Nous revendiquons cette peine, nous n'en avons pas honte. On a annoncé avec peu de ménagement le décès de son frère. Dans des conditions criminelles, par son épouse. C'est un choc terrible, elle est anéantie par cette nouvelle. Et on lui dit, cette mort "ce n'est pas très grave. Il nous battait... » Le Norbert qu'on lui décrit n'a rien à voir avec celui qu'elle a connu. »

9h47 : « Notre rôle n'est pas d'incriminer aujourd'hui Madame Sauvage... Le sentiment, c'est une incompréhension, une incrédulité... On nous parle de 47 années de violence... Des femmes passées à tabac. Des enfants qui volent dans la salle à manger. Des nez cassés. Des tympans percés. Mais pendant 47 années, Jacqueline Sauvage n'a jamais rien dit... »

9h50 : L'avocate de la soeur de Norbert Marot : « Seulement deux passages aux urgences en 47 ans. L'appréciation du risque me parait mal fondée. »

9h51 : « On nous parle d'un bourreau. Il ne s'agit tout de même que de Norbert Marot, à la Selle-sur-le-Bied... On l'a tout de même exclu de la société de chasse, il n'était visiblement pas tout puissant... »

9h53 : « On nous dit la justice ça ne sert à rien... Mais d'où vient cette idée ? On le voit poursuivre sa femme avec un fusil, on n'appelle pas police secours ? Cinq personnes étaient à même de témoigner... Contre une. Ils avaient un dossier très solide à présenter aux tribunaux... »

9h54 : La plaidoirie de l'avocate des parties civiles se poursuit : « La justice était à-même de trouver des sanctions et protéger la famille. Le levier judiciaire était très efficace visiblement avec Norbert Marot. Il avait peur de la justice d'après les témoignages... Pourquoi ne pas l'avoir actionné ? »

9h57 : Avocate des parties civiles : « Comment peut-on créer une entreprise où elle implique toute la famille ? C'est terrible ! Elle ramène ses enfants, prêts à s'échapper du joug du père, dans la gueule du loup. C'est un des aspects les plus terrifiants de ce dossier. »

10h00 : « Deux après son viol, on demande à sa fille de revenir travailler, à 18 ans, dans l'entreprise. On a le sentiment d'une famille qui résonne de travers. La priorité ce n'est pas le boulot, la réussite sociale. La priorité c'est de préserver l'intégrité physique de ses enfants. Quand elle dit : « j'ai toujours protégé mes enfants". C'est complètement aberrant... »

10h02 : « Les devoirs de Mme Sauvage, c'était de protéger ses enfants. Elle est complice en n'ayant rien dit des agressions commises sur ses enfants... »

10h03 : Avocate des parties civiles : « En cour d'assises les gens s'effondrent tombent en larme... là y a peu d'émotion de la part de madame Sauvage, cela interroge (...) Dévoiler ses émotions, ce n'est pas un signe de faiblesse, mais d'humanité. »

10h05 : La plaidoirie se termine. L'audience est suspendue pour quelques minutes.

10h06 : L'audience reprend. L'avocate générale, Syvlie Macquard-Moulin, débute sa réquisition.

10h12 : « Les faits sont dramatiquement simples. Comment en est-on arrivé là dans le couple que formaient M. Marot et Madame Sauvage ?"

10h12 : L'avocate générale : « Le portrait qui a été brossé de M. Marot est loin d'être sympathique. Caractériel, dur. Un homme qui faisait fuir les amis du couple. Un tyran domestique. Alcoolique. Qui mettait les gens mal à l'aise. »

10h14 : Avocate générale : « Madame Sauvage n'a pas eu une vie conjugale épanouissante. Aujourd'hui, si l'on est très honnête il n'y a pas beaucoup de monde pour regrette monsieur Marot aujourd'hui. MAIS attention, vous n'êtes pas juge de la cause des femmes battues. Vous êtes juges aujourd'hui d'une épouse qui a tué son mari. »

10h17 : Avocate générale : « Vous n'avez que des déclarations de madame Sauvage. Monsieur Marot n'est plus là pour se défendre des accusations terribles. Il y surtout des déclarations de madame Sauvage et de ses files. »

10h18 : L'avocate générale : « Qui est madame Sauvage ? C'est une femme qui a eu une enfance heureuse. Ensuite, je conçois qu'elle n'ai pas eu une vie facile auprès de M. Marot. Madame Sauvage n'est pas la femme fragile psychologiquement qu'on essayera peut-être de vous dépeindre tout à l'heure. C'est une femme de caractère. C'est une femme intelligente, qui a toujours travaillé. Elle a toujours su les élever, et plutôt bien élevé. C'est le pilier de la famille. Elle fait les démarches pour trouver un logement familial. Elle a développé l'entreprise. Elle nous l'a dit "mon mari nous doit beaucoup". C'est une femme qui est capable de répondre. De s'en prendre à la maitresse de son mari. Capable de violence. D'être méchante. D'insulter une voisine. Capable aussi d'être méchante selon l'administration pénitentiaire. »

10h24 : L'avocate générale : « Qu'est-ce-qui a pu pousser Madame Sauvage, le 10 septembre 2012, a tuer son mari ? Certes, il y a eu des violences... Il y a ce coup de poing que je ne peux pas banaliser. Mais il ne peut expliquer à lui seul le passage à l'acte... Elle dit que tout est revenu en elle. Les abus sexuels sur ses enfants. Je ne vais pas vous dire que ces faits n'ont pas pu avoir lieu... Il n'y a jamais eu de dépôt de plainte, peu de témoignages. Je ne vais pas vous dire que ça ne s'est pas passé. Je suis bien placé pour vous dire qu'il n'est pas rare que des victimes d'abus sexuel aient beaucoup de mal à témoigner... Deux choses, soit Mme Sauvage n'a pas cru ses enfants, comme certains témoignages l'attestent. Soit elle a cru ses enfants, et là c'est terrible. Que penser d'une mère qui ne fait rien ?"

10h29 : Elle poursuit son réquisitoire, en s'adressant aux jurés : « Je vous demande de prendre du recul, non-pas sur l'existence des violences... Mais sur la gravité et la fréquence de ces violences. Il y a très peu de traces. Les violences sur les filles sont anciennes. »

10h31 : « Je vous encourage à réfléchir sur la personnalité de cette femme, qui a vu les violences sur ses enfants et qui les a convaincu de venir travailler dans l'entreprise. »

10h32 : « Il y a les violences conjugales. Encore une fois, je ne vais pas soutenir qu'ils n'ont pas eu lieu au regard des différents témoignages. » L'avocate générale rappelle les épisodes évoqués. "Je vous invite, encore une fois, a vous interroger, sur le caractère fréquent, et leur gravité. Il ne s'agit pas de banaliser, une giffle reste une giffle de trop. Je vous pose la question pour vous amener à réfléchir. Etait-elle battue à un point tel qu'elle ne pouvait plus réagir ? Vivait-elle dans une peur extrême au point de devoir tuer son mari ? Je ne m'étonne pas que Madame Sauvage ne se soit pas confiée à des tiers... Cela arrive fréquemment. Mais comment se fait-il qu'aucun voisin n'ai constaté la moindre trace de coup ni vu la moindre violence physique pendant toutes ces années à la Selle-sur-le-Bied ? »

10h36 : « Je vous demande de vous interroger sur la crédibilité de certaines déclarations de Madame Sauvage... "Il tapait plutôt sur le cuir chevelu, ça ne se voyait pas"... "Je ne sortais pas pendant 15 jours après les violences"... Alors qu'elle travaillait dans l'entreprise, devait aller faire ses courses... »

10h42 : « L'entreprise était en train de pérécliter en 2012. Elle fait valoir ses droits à la retraite en 2008 mais continue de travailler. Aujourd'hui, elle se dit fière de son entreprise. Elle veut continuer. C'était son bébé, comme l'a dit la psychologue. Je crois qu'elle a beaucoup sacrifié pour cette entreprise. Son bonheur. Celui de ses enfants ? En 2012, tout cela commence à se fissurer. Il faut en finir. Il faut reprendre la main. »

10h42 : Avocate générale : « Elle a eu le temps de préparer son fusil voire même de descendre chercher ses cartouches (...) Il ne fait aucun doute que madame Sauvage était déterminée à tuer son mari. »

10h47 : « Je vous interroge sur la crédibilté du revirement de sa version, sur le fait qu'elle ait amené les cartouches une semaine avant, lorsque sa garde à vue a été prolongée pour assassinat (donc préméditation). Je pense que l'idée de tuer son mari s'est véritablement concrétisée le 10 septembre 2012. Je pense malgré tout qu'elle a eu le temps d'y réfléchir. Entre un réveil brutal à 16h, et les tirs qui interviennent à 19h30... Est-ce que sa version est crédible lorsqu'elle dit avoir été réveillée vers 19H ? Tout ceci ne parait pas cohérent. Je pense qu'elle a eu le temps d'aller chercher son fusil. Mais la jurisprudence estime que malgré ce temps, dans le cas d'une forte émotion, la préméditation n'est pas forcément requise. Si je ne retiendrais pas la préméditation, cela ne veut pas dire qu'elle n'était pas déterminée à tuer son mari. L'état de brouillard qu'elle décrit, contraste avec la précision dans l’exécution des tirs. C'est une femme qui chasse qui a l'habitude de manier les armes... Elle vous dit qu'elle a fermé les yeux. Qu'elle a beaucoup supporté pendant 47 ans. Elle l'a atteint à trois reprises. C'est une femme qui exécute son mari. »

10h50 : « C'est une femme qui au cours de ce procès n'a pas fait montre de beaucoup d'affect. »

10h52 : « Comment peut-elle véritablement nous faire croire qu'elle avait peur que M. Marot ne la tue, ou tue ses enfants ? Il n'a pas cherché à renouer le contact une fois que ses enfants étaient partis. M. Marot n'est pas dans l'affect, mais dans le matériel. Je crois qu'elle est restée auprès de son époux par intérêt, même si elle était attachée à cet homme. Comment imaginer qu'une femme battue ai pu faire une telle scène à la maitresse de son mari ? Le fait de perdre sa maison, son entreprise, son statut social ? Elle reste avec son époux, même dans les loisirs. »

10h56 : « Il y avait effectivement un levier possible. Le droit, la justice, dont il avait peur. C'est une femme qui dans son entourage proche a eu l'exemple de deux femmes courageuses, les compagnes de Pascal, qui ont eu le courage de le quitter. Je crois que Madame Sauvage est restée avec son époux délibérement. »

11h00 : L'avocate générale, s'adressant aux jurés : « Quelle peine infliger à cette femme ? Aucun dossier ne ressemble à un autre. Votre responsabilité est immense. Vous aller devoir fixer le prix d'une vie. Vous allez envoyer un message fort aux hommes et femmes battus qui font le choix de dénoncer un conjoint. Votre peine doit aussi avoir un sens pour Madame Sauvage, la mettre face à ses responsabilités. Elle n'a pas pris conscience de la gravité des faits. Ce sera un traumatisme, pour elle, pour ses filles. La peine que vous aller prononcer ne sera pas forcément intangible. Un juge de l'application des peines suivra le dossier. »

11h05 : L'avocate générale : « Au vu de l'ensemble de mes observations je requiers de condamner Madame Sauvage a une peine qui pourrait être entre 12 et 14 ans de réclusion criminelle. »

11h06 : L'avocat de la défense prend la parole.

11h07 : L'avocat de la défense : « Madame Jacqueline Sauvage comparait en étant inculpée d'avoir volontairement donné la mort, avec préméditation. Elle dit, immédiatement après les faits "qu'un éclair est passé dans sa tête". A l'arrivée de la gendarmerie, elle titube... Elle cherche la télécommande pour ouvrir le portail. Elle ne la trouve pas. Le gendarme franchit la porte et nous dit "elle est complètement abattue"... Est-ce là l'attitude de quelqu'un qui a prémédité ? »

11h11 : « On lui demande les circonstances dans lesquelles ce geste s'est produit. Un geste dont elle ne manifeste aucune fierté, dont elle sait parfaitement que c'est quelquechose d'inadmissible. Non seulement, on ne tue pas quelqu'un, mais on ne se fait pas justice soit-même. »

11h13 : L'avocat de la défense : « Ce ne sont pas seulement les circonstances de la journée, mais les circonstances d'une vie. On lui pose la question des circonstances immédiates... Elle a perdu son fils, tué son mari... On lui demande de savoir où étaient les cartouches. Il était totalement inutile qu'elle aille, ou pas, checher des cartouches en bas puisqu'il y avait des fusils partout et des cartouches partout. Dans sa chambre, on va trouver d'autres cartouches. Quel aurait été l'intérêt de préparer trois cartouches alors qu'il y en a plein la chambre. Sa première déclaration est une déclaration pour laquelle elle n'a prêté aucun intérêt. »

11h18 : « L'expert va nous dire qu'à deux mètres, cela aurait été difficile de rater la cible... »

11h20 : « Le drame, comme nous l'a dit une fille du couple, c'est la suite d'un drame qui aura été l'intégralité de sa vie. Un malheur quotidien auquel on souhaite échapper. »

11h21 : L'avocat de la défense poursuit : « Elle va faire tout ce qui est en possession pour faire que sa vie, et celle de son mari soit heureuse. Ses frères la dissuadent de se marier. Dès l'origine de sa vie, elle se trouve en opposition avec sa famille. Elle quitte la première dépendance, pour une autre, comme l'a expliqué le psychologue. Elle est responsable pour deux. Pour elle, et le mari dont elle se porte garant. »

11h27 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Sa crainte au fur et à mesure que les difficultés surviennent et que les claques deviennent des coups de poing... Et se dit que se passera-t-il si je me plains. Et elle n'a pas confiance en la justice. Aller chercher secours ne lui est pas naturel. Alors que deux filles se plaignent de viols et la troisième d'attouchements, et la mère de violences, on nous dit il y a un doute. »

11h36 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Petit à petit s'installe le lien victimologique, c'est quelque chose d'incompréhensible de l'extérieur. Il s'installe entre le bourreau et la victime des liens tels que la victime finit par se poser la question si elle n'est pas à l'origine de la situation dans laquelle elle se trouve. »

11h38 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Le bourreau qui finit par comprendre qu'avec sa victime il est avec sa chose et donc celle-ci va accepter d'autant mieux qu'elle pense avoir une responsabilité dans la situation et va donc avoir beaucoup de mal à s'en plaindre. » "Cette victime finit par être une victime d'elle même qui doute, se pose des questions et n'est pas attirée par un appel à l'extérieur, qui entraînerait un jugement à son égard. "

11h40 : « Dans votre instruction, madame la présidente, vous avez relevé qu'il y a une antinomie complète entre le maintien des enfants dans l'entreprise et les difficultés engendrées. Cela permettait que, par moment, le père soit fier, et que la famille entière soit heureuse. »

11h48 : « Vous avez relevé que Madame Marot a du caractère. Elle a appris a avoir les yeux secs. A-t-elle vraiment du caractère ? On peut lui admettre la lâcheté de ne pas être partie avec ses enfants. A-t-elle du caractère ou est-elle lâche ? Je dis moi qu'elle a été dans un état de faiblesse extrême qu'elle a fini par masquer à force de coups, de répétition, de se montrer à ses enfants du mieux qu'elle pouvait. »

11h51 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « C'est votre rôle mesdames et messieurs les jurés de croire ce que vous ont dit ces trois femmes (les trois filles de Jacqueline Sauvage). »

11h58 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Le fils se suicide, la mère tire sur son mari qui vient de la frapper. A-t-elle été vraiment frappée ? C'est une question légitime. Toutes les hypothèses ont été émises. »

12h01 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Ce que l'on peut reprocher à madame Sauvage, c'est d'avoir subi, pour des raisons forcément mauvaises puisqu'elles ont abouti à un crime. Quand madame Sauvage commence sa vie elle ne sait pas ce qu'il va se produire, ni la situation dans laquelle elle va se mettre. » "Comment va-t-elle mettre fin à son calvaire ? En déposant plainte ? Dans un premier temps, pour de simples coups, oui . C'est un pari. Un pari qu'elle n'ose pas faire. Un pari que chacun dans cette salle peut penser qu'il l'aurait fait. »

12h06 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « Un éclair dans sa tête "je prends le fusil". Elle descend, elle le voit, elle dit "j'ai fermé les yeux" et "je tire". Comme à peu près au même moment le fils fixe sa corde au cou et saute... »

12h13 : L'avocat de la défense poursuit lentement sa plaidoirie en se déplaçant de son banc à la barre, s'exprimant fermement en direction des jurés.

12h13 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « 262 personnes ont signé une pétition disant qu'ils n'étaient pas gênés que madame Sauvage soit remise en liberté. Elle arrive en reconnaissant ses torts, 99,99 % des gens qui comparaissent devant les Assises n'ont pas raison. Ils ont des explications bonnes ou mauvaises, et elle vous dit voilà comment ça s'est passé, je vous l'explique. Et je ne suis pas une habile scénariste d'un crime que j'avais prémédité, je suis environnée de gens qui justifient expliquent ou éclairent ma situation. »

12h17 : L'avocat de Jacqueline Sauvage : « deux questions se posent. La première est de savoir si elle a volontairement donné la mort. Ça c'est la question qui est posée aux jurés. De ne trahir ni les intêrets de l'accusé ni ceux de la société. Est-ce que cette personne a délibérement donné la mort ? Je dis non!

12h21 : « Je dis qu'elle a tenté délibérément de se soustraire à une situation qui lui était devenue impossible. Tout comme son fils qui a choisi une autre solution. »

12h22 : « C'est quelqu'un a qui on n'apprend pas la culpabilité. Elle est coupable depuis 47 ans. C'est quelqu'un qui a besoin d'être suivie psychologiquement. Qu'on soit assuré qu'elle rencontre un spécialiste, qu'on l'aide à se recontruire après cette série de drames qu'elle a connus. Mais la sanction pour la sanction, ne me paraît pas compatible avec les intérêts de la société,de la personne ou même de l'environnment de la victime. »

12h27 : Ainsi se termine la plaidoirie de l'avocat de la défense.

12h27 : Madame Sauvage est appelée à la barre.
La présidente : « Avez-vous quelquechose à ajouter pour votre défense ? »
JS : « Je suis là. J'ai tué un homme. Je le regrette. Jamais cela n'aurait dû arriver. »

12h28 : Il est précisé que les jurés devront répondre à ces questions :
1 : Jacqueline Sauvage a-t-elle volontairement donné la mort ?
2 : Y-a-t-il eu préméditation ?
3 : Norbert Marot était-il l'époux de Jacqueline Sauvage lors des faits ? (ceci constitue une circonstance aggravante)

12h32 : La cour se retire. Les délibérations commencent.

15h15 : Les délibérations sont terminées. Le verdict va être annoncé dans les minutes qui viennent.

15h20 : Tout le monde a repris place dans la salle, à l'exception du jury.

15h22 : Jacqueline Sauvage est appelée à la barre.

15h23 : La présidente : « Jacqueline Sauvage, la réponse aux questions précédément posées :
1 : Jacqueline Sauvage a volontairement donné la mort à Norbert Marot.
2 : Pas de préméditation
3 : Oui
Vous êtes condamnée à 10 ans de réclusion. »

15h42 : Audience civile : la cour a délibéré et condamne Jacqueline Sauvage a 2880 Euros de préjudice matériel, 5000 Euros préjudice moral, et 7000 Euros pour les frais d'avocats.

15h45 : L'audience est levée.

 

 

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